REVEILLON. --Ce soir à Viella, les vendanges de la
Saint-Sylvestre seront dédiées au pacherenc
Les 12 grains de minuit
|

|
Les vendanges de la Saint-Sylvestre sont les
dernières de l'année. Malgré la pluie et le froid de ces
derniers jours, ces raisins d'hiver n'ont pas trop
souffert PHOTO ARCHIVES PHILIPPE BATAILLE
| Alors que les vendanges du millésime 2003
sont à l'abri depuis des lustres, quelques grappes de raisins
s'accrochent toujours aux branches. Défiant chaque jour un peu
plus encore les lois thermiques de l'hiver sans parler de
l'appétit dévastateur des grives et des étourneaux affamés par
les frimas de décembre. Des volatiles certes redoutés comme la
peste mais à qui les Madiranais ne pourront toutefois pas
reprocher d'avoir du goût. Ni une certaine forme d'éducation.
Et pour cause, puisque les raisins en question, non contents
d'être les derniers de l'année, sont surtout ceux de l'ultime
récolte destinée au célèbre pacherenc du Vic-Bilh. Ce vin
blanc moelleux, pailleté d'or, devenu l'icône maîtresse du
madiran. Une vendange plus que tardive qui, depuis treize ans
maintenant, donne lieu à un réveillon pas comme les autres :
celui des vendanges de la Saint-Sylvestre. Un rendez-vous
concocté par les Producteurs Plaimont et l'Association du
pacherenc du Vic-Bilh qui reprendra ses quartiers demain au
coeur de Viella.
Pastorale.
Un village
qui, pour l'occasion, renouera avec son passé. Car, si ce
réveillon viticole débutera dès demain matin avec un
casse-croûte vigneron sucré de quelques dégustations de
pacherenc, il connaîtra une fin d'après-midi plus historique.
En effet, à partir de 17 heures sera donnée en l'église
Saint-Pierre une grande pastorale en l'honneur de la
civilisation de la vigne. Une cérémonie déclinée en plusieurs
tableaux qui retracera les grands événements qui ont marqué
l'histoire de Viella. Une manière de découvrir les traditions
de cette région et le travail de ses vignerons. Il sera ainsi
question de vendanges bien sûr, mais aussi de rugby, de course
landaise, de transmission de savoir... Ensuite, aux
alentours de 19 h 30, les invités procéderont à la cueillette
des toutes dernières grappes. Un exercice qui ne devrait guère
prendre beaucoup de temps. Il ne reste, en effet, qu'une
poignée de parcelles d'à peine trente ares chacune à
vendanger. Mais aussi minime soit cette récolte, son avenir
est d'ores et déjà tracé. « Si la qualité est au rendez-vous,
précise André Dubosc, le directeur des Producteurs Plaimont,
les vignerons auront le choix entre en faire du pacherenc de
la Saint-Sylvestre ou l'utiliser pour les barriques d'or. »
Succès. Demain, sous le chapiteau installé au
coeur de Viella près de 600 personnes sont attendues pour une
nuit de fête. Une affluence qui en dit long sur la dimension
prise par ce rendez-vous. Un succès d'autant plus savoureux
qu'au départ, en 1991, il ne s'agissait que d'une soirée entre
amis. « Nous n'étions qu'une dizaine chez Gilbert Deluc,
raconte André Dubosc. Il avait gelé au mois novembre et il
n'avait pas pu ramasser ses raisins. Les anciens lui ont alors
dit qu'on pouvait vendanger jusqu'en décembre. Alors on a
choisi la Saint-Sylvestre. Depuis, la vidéo de ces vendanges a
fait le tour du monde... » Pour demain soir, les organisateurs
de ce réveillon archi complet ont du refuser plus de 600
demandes. A Viella, il n'y a que les « retards » du raisin qui
s'excusent...
| |