Le Gers
6 299 km2
chapelle St-Roch, 380 m (Monlaur-Bernet).
Auch. 3 arrondissements. 31 cantons. 462 communes.
174 587 hab. (recensement 1990)
Peuplé avant la colonisation romaine par les Elusates, les Lactorates et les Ausci, l'actuel département du Gers fut conquis par Crassus et les légions de César. Il fut alors incorporé à l'Aquitaine, réorganisée par Auguste et dénommée "Novempopulanie", avec Elusa (Eauze) pour capitale. L'évangélisation intervint de bonne heure et fut marquée dès le 4ème par la création de l'évêché d'Auch (archevêché au 9ème). Après les invasions barbares (Wisigoths, Vascons, Sarrasins), la province forma le duché héréditaire de Gascogne, bientôt démembré en plusieurs seigneuries (comtés d'Armagnac, de Fezensac, d'Astarac, de Gaure, de Pardiac, vicomtés de Fezensaguet et de Lomagne). Par le jeu des alliances et des successions, la plupart de ces domaines furent réunis entre les mains des puissants comtes d'Armagnac. La Gascogne suivit le sort de l'Aquitaine et fut l'enjeu de rivalités franco-anglaises. Sous le règne de Charles VI, le connétable Bernard VII d'Armagnac anima le parti des Armagnacs, soutien du roi de France, violemment opposé au parti des Bourguignons, favorables au roi d'Angleterre. Le comte Jean V commit l'imprudence de se rebeller contre Louis XI, qui fit occuper Lectoure en 1473, mettant ainsi fin à la puissance et à la lignée des Armagnac. François 1er attribua le comté à sa soeur, Marguerite d'Angoulême, reine de Navarre. Le pays vit le développement de la Réforme, subit les ravages des troupes catholiques de Monluc, puis protestantes de Montgomery, avant d'être rattaché à la Couronne par Henri IV en 1607. Au 17ème, les cadets de Gascogne s'illustrèrent dans la compagnie des Mousquetaires. Au 18ème, la Gascogne connut une ère de renouveau, sous l'administration remarquable de l'intendant d'Etigny, qui développa les voies de communication et favorisa le commerce des vins. A la même époque, l'archevêque d'Auch, François de Montillet, construisit le nouvel archevêché, actuellement occupé par la préfecture.
Le Gers dépend du Bassin aquitain. Le plateau tertiaire descendant des Pyrénées vers la Garonne a été façonné par le ruissellement de torrents résultant de la débâcle glaciaire du quaternaire. Issues du plateau du Lannemezan, les rivières se déploient en éventail; elles dessinent un système de vallées séparées par des coteaux de faible altitude au profil dissymétrique, les versants tournés vers l'ouest étant plus abrupts, ceux vers l'est s'étendant en pente douce. Sur les crêtes réapparaît le calcaire originel, alors que le fond des vallées est constitué de dépôts alluvionnaires plus récents. Les rivières nombreuses, mais de débit irrégulier (la Save, la Gimone, l'Arrats, le Gers, la Balise et l'Osse) sont tributaires du bassin de la Garonne; la Douze, le Midour et l'Arros de celui de l'Adour. Le climat, de type aquitain, reçoit des influences pyrénéennes plus sensibles dans le sud; les vents d'ouest dominent, entraînant humidité et instabilité. Le département a une vocation agricole très marquée: il est même le plus agricole de France (70 % de la population vit de l'agriculture); les céréales et surtout la vigne dominent la production; l'élevage bovin est le plus important, mais les porcins et surtout les volailles (poulets, dindes, oies et canards gras) tiennent une place importante dans l'économie. L'activité industrielle résulte de l'activité agricole : distilleries (eau-de-vie d'Armagnac) et conserveries (foies gras et confits) sont les secteurs les plus développés. Nature La vocation agricole du Gers en fait un pays vert qu'aucune industrie polluante ne vient défigurer.
Le Gers ne possède que peu de vestiges préhistoriques ou protohistoriques et si l'on relève quelques tumuli, beaucoup ne sont que de simples mottes féodales. La période gallo-romaine a laissé plus de témoignages : piles gallo-romaines (Biran, Roquebrune, Lasserre), superbe mosaïque polychrome de Séviac, vestiges d'Auch, Eauze et Lectoure (autels tauroboliques). Le patrimoine d'art sacré est particulièrement riche. L'art roman s'impose dans l'ensemble du département avec de modestes églises rurales (Luzannet, Bouzonnet, Ste-Germaine) à chevet plat ou abside semi-circulaire, souvent agrémentées d'un clocher-mur, ou quelques églises plus importantes (Lialorès, Mouchan, Vopillon, Sabazan), mais surtout avec l'abbaye de Flaran, bel exemple d'architecture cistercienne. L'art gothique méridional, caractérisé par une large nef unique, un chevet polygonal et des chapelles logées entre les contreforts, a influencé des édifices plus imposants (Lectoure, Condom, Mirande, Eauze, Fleurance, la Romieu). Certains ont reçu l'influence de l'art toulousain (Lombez, Simorre). La cathédrale d'Auch, une des plus tardives de France, représentative de l'architecture septentrionale, semble isolée dans le département : elle comporte un remarquable ensemble sculpté du 16ème et une série de vitraux dus à Arnaud de Moles, à qui l'on doit également ceux de l'église de Fleurance. Les troubles dus à la rivalité franco-anglaise aux 13ème et 14ème ont entraîné un grand déploiement d'architecture défensive. Des châteaux gascons servant de postes de surveillance ont été édifiés de part et d'autre de frontières mouvantes (le Tauzia, Mansencôme, Balarin). Dans le même temps, chacun des deux camps créait des bastides afin de s'assurer la suprématie dans une région troublée : Montréal, Mauvezin, Gimont, Cologne, Valence et Fleurance ont conservé leur plan caractéristique (rues à angle droit, place centrale à arcades), mais il convient de faire une place à part à la bastide circulaire de Fourcès. De nombreux villages gardent des restes de remparts ou des portes de ville fortifiées. Mentionnons encore le donjon de Bassoues, la tour de Termes, le château de Herrebouc et le pittoresque village fortifié de Larressingle, parfaites illustrations de l'architecture militaire gersoise. Le château de Lavardens constitue un surprenant exemple de l'architecture du début 17ème. L'art classique a inspiré les hôtels particuliers de Condom et Lectoure, ainsi que l'ensemble 18ème d'Auch (intendance, archevêché, hôtel de ville, pont de la Treille). De vieux moulins à vent et de belles fermes gasconnes à colombage jalonnent la campagne gersoise. L'on assiste actuellement à un renouveau et à une mise en valeur du patrimoine départemental : maisons anciennes aménagées en résidences secondaires; belles demeures, chartreuses, anciennes maisons fortes acquises et restaurées par des citadins (et même des ensembles architecturaux complets comme Lagarde-Fimarcon); Auch, ville d'art et d'histoire, a su concilier la protection du passé avec l'évolution contemporaine, transformer un chef-lieu administratif en centre économique moderne, procéder à des équipements en réhabilitant un monde rural trop longtemps délaissé. G