REVOLUTION ET XIXE SIECLE

 

La Révolution débute dans l'esprit des cahiers de doléance : on dénonce les avantages, le poids des charges et en particulier le système fiscal très lourd dans la Généralité.

Une fois passée la "grande Peur" du 24 juillet au 8 août 1789, la bourgeoisie locale prend la direction des responsabilités.

Ainsi dès le 18 octobre 1789, la municipalité nomme deux émissaires pour discuter avec le seigneur du remboursement des impôts que la communauté a payé pour les communaux usurpés par le marquis (la lande de Crestiaa), tout en réservant le droit de discuter de la possession de ces biens.

 

Très vite, le débat se focalise sur la création des départements par l'Assemblée Constituante les 11 et 12 novembre 1789. Si dès le 28 janvier 1790 le principe du "département d'Armagnac" est arrêté, le contenu précis est défini par des commissaires "pour la délimitation du département et sa division en districts, cantons et communes", nommés par lettre patente du roi le 6 mars 1790.

La municipalité se réunit le 2 février 1790 et affirme sa volonté d'être rattaché au département de Tarbes, suivant une logique plus économique qu'administrative : "il est de l'intérêt de cette communauté de demander d'être remise au département de la ville de Tarbes, attendu la proximité de cette ville, la commodité des routes et les liaisons de commerce et autres qui subsistent entre cette communauté et ladite ville".

Cette demande étant rejetée, Viella sollicite son intégration dans les Landes, selon la même logique, le village ayant "toute espèce de relation avec Aire et Mont de Marsan".

Quel intérêt à être rattaché à Pau, ou à Auch "mauvais chemines, grandes rivières sans ponts, presque pas de relations".

De plus, les viellanais ne veullent pas dépendre de Riscle et demandent soit la création d'un canton propre, soit leur rattachement à Aire.

Peine perdue, Riscle est même érigé en canton en 1791.

 

Fait d'importance, en 1790, Pierre Pascau, avocat, descendant d'un grand propriétaire de Viella Raymond Saint-Luc Lirou, devient le premier maire de Viella.

 

La radicalisation de la Révolution s'amorce et le maire pousse en septembre 1791 à l'intégralité de l'application des lois de Salut Public sur le contrôle des armes et la surveillance des suspects (même si tout le monde se retrouvera pour fêter Valmy en 1792)

 

L'abbé Daudoux, curé de la paroisse, refuse de prêter serment suite à la Constitution Civile du Clergé et quitte provisoirement le village. A cette date débute la tenue de l'Etat Civil par la municipalité.

 

Joachim de Labay et ses fils émigrent, leurs biens sont vendus (décembre 1792), tout comme l'avaient été les malheureux 4 hectares de la chapelle du Requiem tenu par l'abbé Jean-Louis de Labay.

 

Le 2 décembre 1792 ont lieu des élections municipales qui vont jusqu'à la bagarre entre les deux listes. Le résultat est confus et Viella se retrouve pour quelques jours avec deux conseils.

Délations et perquisitions se généralisent fin 1792 - 1793; les attroupements sont interdits, les volontaires sont enrôlés de manière musclée, notamment pour défendre Oloron.

En septembre 1793, une expédition de 175 hommes est organisée sur Viella pour arrêter des prêtres réfractaires, les abbés Cazeneuve et Daudoux. Ils sont arrêtés chez la baronne de Capdeville, fille du marquis de Viella. Elle sera emprisonnée un an, et les deux prêtres exécutés sans jugement. Une société des Montagnards est créé à Viella dans la foulée pour reconditionner les esprits.

Un mouvement contre-révolutionnaire prendra même corps en 1796.

 

L'arrivée de Bonaparte au pouvoir à Paris va assurer une pacification des esprits (du moins entre français...). Le marquis de Viella rentre sur ses terres. A peine revenu, il rachète le château par acte du 9 floréal an XI, mais y demeurera rarement.

Dans le même temps, 1802 s'avère un millésime exceptionnel qui marquera les esprits.

 

La vigne au XIXe

 

Les terres incultes reculent au profit de la vigne du fait du développement de la consommation de vrai vin (et non de piquette) dans les premières décennies du XIXe

En 1830, plus de 20% des terres viellanaises est occupé par le vignoble et le village possède le vignoble le plus étendu avec 550 ha. 

Viella est même le village le plus peuplé du canton juste devant Riscle, avec 1768 habitants !

 

Un premier recul de la production viticole a lieu entre 1853 et 1857 avec la crise de l'oïdium. C'est le début du  nécessaire traitement des vignes.

Plus encore, fin des années 1870, début des années 1880, le mildiou vient s'ajouter à l'oïdium.

Enfin, last but not least, en 1887, Viella est la première commune de la région touchée par le phylloxera, mais le mal ne va gagner réellement qu'avec un décalage certain avec le reste du pays (ce qui est profitable commercialement) et dans des proportions moindres. Ainsi en 1893 a lieu la récolte du siècle, fameuse par sa précocité et ses quantités; en 1900, 453 ha sont encore en vignes traditionnelles et 226 ont été replantées.

Le décalage a permis d'anticiper l'écroulement de la production par l'adoption progressive de nouvelles variétés, seule solution au mal. Dès 1886, le maire de Viella Jules Dabat achète ce qu'on appelle alors des "vignes franco-américaines", en revend, explique la méthode de plantation et l'expérimente dans sa métairie du Paillou.

Sur la période 1890-1910, la diminution de la superficie du vignoble viellanais ne sera que de 10%, ce qui est presque ridicule à côté du désastre de certaines régions françaises.

Il ne faut pour autant pas sous-estimer l'impact financier de tout cela, en particulier sur les petits producteurs.

Même pionnier, pouvant jouer sur une assise financière réelle,  Jules Dabat, du fait des replantations a parfois une production très faible et le bilan financier est négatif.

 

Le commerce et les voies de communication

 

La nouveauté du siècle est l'apparition du chemin de fer en 1859 avec la ligne Mont de Marsan -Tarbes et la création de la gare de Riscle.

Ceci va évidemment dans le sens du développement des échanges et du commerce (mais sera aussi synonyme d'exode rural...) où Viella joue un rôle très important de producteur pour les gros négociants grâce à la réputation de ses vins, surtout blancs.

Certains producteurs commercialisent même leur propre production, s'assurant ainsi un statut et un confort plus évident.

C'est le cas d'Augustin Larrieu, propriétaire et négociant. Ce viellanais vend principalement via la gare de Riscle, mais aussi à l'occasion pour Pau, la longueur du trajet par Tarbes et Lourdes lui faisant parfois préférer la route. Les muletiers landais sont aussi parfois sollicités, vers Mont de Marsan, mais comme pour les autres viellanais, l'essentiel de la récolte est alors écoulé vers la Bigorre ou le Béarn.

 

La vie villageoise

 

L'église est agrandie par deux nefs en 1830. L'école et la mairie sont reconstruites comme dans la plupart des communes voisines à la fin du siècle.

 

Le commerce se structure : serrurier, sabotier, restaurant et surtout épicerie avec l'arrivée d'un personnage qui va marquer avec sa famille la suite de l'histoire du village, Monsieur RICAU.

Il ouvre vers la fin du siècle une épicerie (dans ce qu'on appelle actuellement la maison Ricau) qui va devenir et pour longtemps une référence des kilomètres à la ronde et un véritable supermarché avant la lettre.

On y trouve par exemple les nouveaux  plants de vigne dès 1887.

La réussite accompagnant cette entreprise va lui permettre d'acquérir au tournant du siècle de nombreuses maisons du village : café, etc...

Il possède même une propriété et devient producteur.

Il est le premier à acquérir une automobile.

Il lance même une petite maison d'édition, les cartes postales de cette époque venant par exemple souvent de chez lui.

A noter que Viella est une des premières communes à avoir l'électricité, grâce à une turbine au moulin de Corneillan

 

Les seigneurs de Viella ne sont plus guère présents : après le décès du marquis, ces frères ne viennent que de temps en temps.

C'est le cas en particulier du chevalier Louis-Henri de Viella (mort à Paris en 1840) qui s'illustre loin de Viella dans la marine et au Levant, (jusque dans la guerre d'Indépendance américaine) avec son neveu le vicomte de Viella, attaché d'ambassade à Constantinople. A sa mort, il était comte et contre-amiral.

Son  journal est conservé parmi les manuscrits du dépôt des archives de Vincennes (n°147) et consacré à ses campagnes pendant la guerre d'indépendance américaine

 et ensuite chez sa jeune cousine ,1a marquise de la Baume . Elle meurt au mois de novembre 1867 .

C'est finalement la fille unique de Louis-Henri, Marie Marguerite qui hérite du château.

Elle a épousé le marquis de La Baume et ils auront une fille Alice et un garçon.

Elle a auprès d'elle sa cousine Thérèse-Louise-Charlotte-Monique d'Aure , appelée Mlle de Montastruc ,entièrement dépouillée de ses biens par la Révolution qui avait trouvé asile chez le marquis de Viella ( son oncle); Louise d'Aure, qui inspire aujourd'hui une cuvée du chateau de Viella (retour de l'Histoire) mourut en 1867.

 

La filiation se perpétue aujourd'hui chez les La Baume-Pluvinel.

 

 

 

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